Hommage à Monique Cordier

hommage à Monique Cordier

Elle ne fera plus chatoyer les rues de Bruxelles...

Monique Cordier s'est éteinte le 6 septembre de cette funeste année 2010,

désertant pour toujours son atelier "Polychrome" du 21, rue Major Dubreucq à Ixelles.

Artiste jusqu'aux bouts des ongles, d'un caractère volcanique, d'une sensibilité exacerbée jusqu'à l'écorchure, Monique avait abordé tous les genres picturaux, mais maniant surtout l'art du pastel... et la technique redécouverte du sgraffite bien avant que ce mot oublié ne refasse partie du vocabulaire courant.


© Jacques Lambert

Sans titre.

Pastel de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

Sans titre.

Pastel de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

Sans titre.

Pastel de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

La fille du roi.

Pastel de Monique Cordier

Mais les artistes ne meurent jamais qu'un tout petit peu. Leur oeuvre survit. Ses pastels parleront d'elle encore longtemps. Et les sgraffites, restaurés d'une main sûre, d'une sensibilité juste, ne cesseront de sitôt de nous la rappeler, accrochée qu'elle était à ses échafaudages, matin, midi et soir, ventousant par tous les temps le ventre des façades pour les faire chatoyer.

© Jacques Lambert

Pastel en mouvement.

     Il ne serait pas étonnant que, levant haut la tête, nous n'apercevions, un jour, quelque ciel polychrome minutieusement restauré, remodelé plus juste, réincisé dans la masse nuageuse, aux lacunes totalement abolies, bref ! remastérisé pour le plaisir des yeux de tous. Peut-être!...

   Peut-être bien, en effet... Mais une chose est certaine, Monique disparue, les sgraffites d'ici-bas sont en peine, tounechamboulés au point d'en être inconsolables.


© Jacques Lambert

Sgraffite contemporain.

© Jacques Lambert

Pastel de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

Pastel de Monique Cordier.

Projets de couverture du roman "Les petits cris".

  Monique Cordier avait offert au GERPM-SC (Groupe d'Etudes et de Recherches Peintures Murales - Sgraffites Culturels) un texte publié dans la revue trimestrielle de l'association, Sgraffito (n° 62). Il a trait à la restauration des peintures murales de la maison du 5, rue Janssens à Bruxelles et fait allusion aux différents thèmes traités par l'artiste d'origine.

  Pour rappel, ce projet de restauration, intégré dans la rénovation de tout un quartier, avait valu au GERPM-SC de recevoir le Prix Bruocsella 2009.

  Cette restauration fut aussi le dernier grand travail de Monique Cordier. Elle venait à peine d'être achevée...

Voici ce texte de Monique:


Au fil des jours, le temps d’un regard,

le dialogue s’installe entre la matière ornée, habitée par l’artiste d’hier et la restauratrice d’aujourd’hui…


De même que le musicien n’entend en lui que des timbres, des instruments, un orchestre, le peintre ne voit dans son tableau que des tons, un modelé, une touche… La main dans son esprit travaille. Dans l’abstrait, dans l’espace, elle crée le concret. L’œil est au restaurateur ce que la voix est au chanteur. L’œil aussi vit, vibre, effleure, glisse, décrypte, s’impose sur une réalité magique, éphémère.

Alchimie de la pensée qui prend corps et s’efface aussitôt, car l’œil pense en contournant les tracés, il crée le relief. Avant même d’être rythme et combinaison, le plus simple thème d’ornement, la flexion d’une courbe, un rinceau qui implique tout un jeu de symétrie, d’alternance, de replis, de dédoublement confère au vide où il s’inscrit une existence inédite. Réduit à un mince trait sinueux, il est déjà frontière et chemin, il arrondit, effile et départage le champ du vide pour donner la forme.

 

La douceur de la peau, le geste de la main, la couleur des yeux ne sont plus anonymes… Ils évoquent de multiples souvenirs… tandis que dans la brume matinale, une paupière s’ouvre sur le regard bleu des eaux limpides de toutes les espérances, le chant du coq retentit, l’étoile vacille, le jour se lève…   Morgenstond…

 

L’œil se fait feu, ardent, quand, au zénith, midi claque, flamboyant. C’est le temps des découvertes aux mille rayons étincelants. L’œil se fait brillance quand, du bout des cils, il touche le collier de perles et d’or ruisselant, ceinturant la Beauté. L’œil se fait « fol » quand il entre en char dans la ville, visage d’ange, avec force et innocence, il annonce déjà le déclin du jour…  Middag.

 

Feux éteints ! L’œil enlace et teinte de « spleen » les ocres d’automne. Les vents s’apaisent, toute forme devient astrale. La rose des vents tourne au firmament. L’œil lueur s’enfonce dans les méandres des profondeurs de la nuit…  Avondstond.

 

Sous la voûte céleste, l’œil se fait perçant, obscur et solitaire. La belle endormie étreint rêves et angoisses, tendresses et tromperies. Noués, dénoués, les liens du conscient et de l’inconscient vers la lumière…  Nacht.


                                                                                                         

                                                                                                                                         Monique Cordier

© Jacques Lambert

Monique Cordier en compagnie du cinéaste Alain Saint-Hilaire.

Le dernier mot qu'elle nous adresse depuis son lit d'hôpital,

quelques jours avant sa mort :

" O combien savourer le plaisir de graver, d'extraire la matière, de peindre,

de sentir la couleur qui fuse, s'intègre au mortier pour lui donner toute sa richesse:

le velouté d'un rouge de Venise, l'intensité d'un rouge anglais, la transparence d'une terre verte."


Quelques oeuvres de Monique Cordier

dans leur diversité...


© Jacques Lambert

 

Pastel de Monique Cordier.


© Jacques Lambert

 

Oeuvre de Monique Cordier.


© Jacques Lambert

 

Relief de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

 

Relief de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

Relief de Monique Cordier. Détail.

Relief sur carton de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

© Jacques Lambert

Sgraffite contemporain. Détail.

Oeuvre de Monique Cordier.

© Jacques Lambert

© Jacques Lambert