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EXTRAIT DE LA NOUVELLE "LE POTEAU"
Un bébé humain abandonné
a été recueilli et adopté
par un vieux couple de cigognes...
... Hélas, son diagnostic avait été pour eux d’une cruauté sans nom.
- Votre enfant a la peau totalement nue et lisse. Nous l’avons consciencieusement scrutée au microscope : rien n’indique qu’il pourra jamais avoir de plumes dans la vie…
- Mais alors docteur, s’il n’a pas de plumes, comment fera-t-il pour voler ?
- Il ne pourra jamais voler, je le crains, monsieur !... Par contre, certains endroits du corps pourraient lui voir pousser des poils…
- Des poils, docteur ? Mais quelle horreur !...
- Hélas, madame ! Je mentirais en vous travestissant la vérité. Votre enfant se révèle être un polyhandicapé profond qui, je le répète, ne pourra jamais voler de sa vie… A moins que…
- A moins que…, docteur ?
- A moins que ses poils ne le lui permettent un jour… Mais à ma connaissance, aucune étude probante n’a pu, jusqu’à aujourd’hui du moins, démontrer que ce fût même envisageable. Notez, si ça peut vous consoler, que le contraire n’a pu être pareillement démontré…
Mes parents adoptifs ont longtemps été fort perturbés par tout ce que leur avait prédit le pédiatre à mon sujet. Alors, moi, je me suis mis à mon tour à culpabiliser. Coupable d’être différent des autres cigogneaux, coupable de ne pas avoir de plumes, coupable de ne pas pouvoir voler un jour, coupable de n’être pas en mesure d’offrir à mes parents adoptifs les grands moments de fierté qu’ils auraient pourtant, plus que quiconque peut-être, mérité de vivre…
J’étais un polyhandicapé.
Alors, pour compenser tout cela, je voulais leur montrer de quoi j’étais capable. Dans un premier temps, je courais, agitais les épaules et les bras et me lançais en l’air. Peine perdue, je m’affalais sur le sol, m’aplatissant davantage à chaque fois le menton. Je sortais de ces tentatives périlleuses et toujours ratées avec une collection inestimable d’égratignures et bleus sur la totalité de mon pauvre corps nu, et de brûlures et ecchymoses sur les fesses que j’avais, ma foi, fort noueuses et charnues.
En compensation, ces frénétiques et vains essais pour voler me valaient cent et mille œillades furtives de la part des gentes cigognelles qui cherchaient à satisfaire les légitimes curiosités liées à leur âge. Mais je finissais toujours aussi par me vexer tant leurs moqueries féroces m’étaient devenues d’une cruauté insupportable.
Et pour couronner le tout, mon menton, en perpétuel devenir évasif à force de m’en servir comme amortisseur, donnait peu à peu à mon visage son allure de plus en plus définitive de cloche un peu lourdingue. Et non, comme je l’eus ardemment souhaité, la dégaine aérienne et joyeuse de celles qui partaient à, et revenaient de Rome.
Il m’était devenu clair à présent que je ne volerais jamais de ma vie. Au grand dam de mes parents adoptifs. J’en pris une violente conscience.
- Oh, excusez-moi, la crampe me guette. Je dois impérativement changer de jambe… Et hop !... Parents pas réveillés, c’est toujours ça de gagné !
J’avais vu un jour des cigognes se pavaner longuement au sommet de poteaux, debout sur une patte, l’autre entièrement repliée sous une aile. Elles feignaient de pouvoir dormir ainsi de longues heures durant, dans cette position hautement improbable. Mais en fait, je suis sûr qu’elles frimaient. Il n’y a que les chevaux capables de dormir debout. Mais eux disposent de quatre pattes. C’est dès lors moins subtil…
Pour faire la fierté de mes parents, je pris alors la décision de ne plus, le soir venu, me vautrer douillettement dans le nid familial. Je prendrais, au contraire, mes quartiers sur un haut poteau et me tiendrais, nu et solennel, debout sur ma jambe droite, la gauche repliée sous mes fesses. Et je claquetterais, craquerais, craquèterais, glottorerais, selon les fantaisies, caprices et humeurs du moment. Mais selon aussi mes états de santé. Il est certain qu’on ne jase pas de la même façon, avec un nez bouché, un mal de gorge, une pharyngite, une rhinite, avec de l’asthme ou les bronches encombrées. Car les nuits sont souvent froides en ces régions.
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